
Impressions et analyse de Charles Philipponnat

Comment s’est passée la vendange 2025 chez Philipponnat ?
« La vendange 2025 intervient après un été plutôt sec mais entrecoupé de quelques épisodes pluvieux qui ont été bienvenus pour permettre une bonne maturation, équilibrée, sans amertume, ce qui est le risque lors des saisons sèches. Grâce à cet été sec et ensoleillé, la maturation des raisins était parfaite au moment de la récolte. Nous n’avons eu ni à laisser des grappes sur pied, ni à faire un tri une fois les raisins cueillis : tout était absolument magnifique, et complètement mûr jusqu’à l’intérieur de la grappe. Le millésime 2025 offre donc une jolie vendange, parfaitement mure et saine, qui sont deux critères essentiels.
Une autre caractéristique de cette vendange, c’est son rendement relativement faible, dû à une période de froid pendant la fleur qui a affecté les parcelles et les cépages les plus hâtifs. Par endroits, nous avons perdu des grappes et celles qui sont restées furent moins généreuses que d’habitude. Cela n’enlève rien à la qualité, au contraire même puisqu’une grappe plus petite peut offrir une excellente qualité quand l’ensemble est sain et qu’il n’y a aucune pourriture, comme qui fut le cas cette année. »
Comment envisagez-vous les vinifications à venir ?
« L’année 2025 nous a permis d’observer une évolution liée au changement climatique : comme lors de tous les millésimes secs, chauds et hâtifs, nous avons constaté que le développement des arômes fruités se faisait à des degrés alcooliques potentiels plus élevés. C’était particulièrement marqué cette année. Avec le réchauffement climatique, ce phénomène va devenir la norme et il nous faut réfléchir à la manière dont nous allons gérer ces millésimes hâtifs, chauds, très mûrs. C’est une préoccupation qui existe depuis déjà quelques années chez Philipponnat, et nous nous y adaptons : en faisant évoluer la hauteur des palissages, en travaillant les sols différemment, en attendant la maturation optimale des raisins avant de les vendanger… Il ne faut pas avoir peur de laisser murir les baies, de rallonger les durées de maturation. Nous avons aussi la chance chez Philipponnat de maîtriser parfaitement les assemblages et de pouvoir travailler les jus de la meilleure façon qui soit, en choisissant de procéder ou non aux fermentations malo-lactiques pour que nos vins gardent suffisamment de vivacité. Notre terroir du Clos des Goisses, qui offre des raisins en général plus mûrs que la moyenne, est un formidable terrain d’expérimentation pour nous adapter au réchauffement climatique dans le reste de notre vignoble. Il offre historiquement moins de rendement, des raisins avec plus de maturité, des fruits plus avancés, plus développés. C’est l’exemple de ce que va devenir la Champagne et l’expérience nous prouve que nous arrivons parfaitement à nous adapter pour y produire des vins exceptionnels. En tout état de cause, le millésime 2025 a un très beau potentiel, qui promet de belles dégustations, qui ne ressembleront probablement à aucune autre ! »